Sénégal, croisière à bord du Bou el Mogdad (1ere partie)

Sensations vous emmène en croisière sur un bateau mythique, le légendaire Bou el Mogdad. Il remonte la vallée du fleuve Sénégal en 7 jours et 6 nuits de Saint-Louis à Podor, à la découverte d’une région authentique et accueillante. Spécial ‘grands voyageurs’ nostalgiques !

Le paysage défile au rythme lent des deux moteurs tournant à 300 tours minutes, imprimant un rythme nonchalant à la croisière. D’un côté la Mauritanie, de l’autre le Sénégal : partout des plaines de roseaux, des villages traditionnels, quelques bergers et des lavandières, des enfants se baignant dans le fleuve immense…  Nous sommes en mars et au fur et à mesure que nous remontons le fleuve, nous éloignant de la brise atlantique, la chaleur monte, inexorablement. Certains en profitent pour prendre un bain de soleil sur le pont, d’autres font trempette dans la petite piscine, et le bar fait systématiquement le plein. Il faut dire que la personnalité du barman, surnommé ‘Sarko’, et le fait que toutes les boissons (bières, mojitos, jus de fruits, vins … ) sont offertes gracieusement expliquent ce succès !

A la proue du Bou el Modgad, avec sa petite piscine rafraîchissante

Le Bou el Mogdad a été construit en 1950, il navigua sur le fleuve Sénégal jusqu’en 1970. Suivi une période sombre, faite d’abandon et de contrebande d’armes sur les côtes de Guinée, avant la renaissance… Depuis les années 80, des cabines ont été ajoutées, et le ‘Bou el’  comme le nomme affectueusement son équipage, revit, plongeant ses passagers (jamais plus d’une cinquantaine !) dans l’atmosphère d’un passé que l’on croyait révolu. D’autant que le bateau est ‘dans son jus’, avec quelques boiseries raffistolées et des tâches de rouille par ci-par là… Ici, chaque passager se sent privilégié de vivre cette aventure de 6 nuits à bord d’un navire chargé d’histoire.

Un équipage !

Cette expérience ne serait pas aussi magique sans son équipage, 100% Sénégalais ! Mamadou à la barre, toujours attentif et ravi de vous laisser voir le poste de commandement, mais surtout Anso, le guide… Je devrais dire ‘l’encyclopédie’, dont le français parfait laisse pantois quelques Parisiens murmurant admiratifs ‘il parle mieux que nous’… Anso est Diola, ethnie animiste de Casamance dans le sud du pays, et fier de la culture de ses ancêtres. Ancien militaire (il a été Casque Bleu sur 8 missions internationales), il a le sens de l’organisation et une rigueur certaine !

Mamadou, à la barre du Bou el Mogdad

 N’oublions pas Maimouna, la toute jeune directrice de croisière, efficace, discrète, et …. redoutable danseuse ! D’une rare élégance, elle passe d’un jour à l’autre de la tenue chic des Dakaroises au sobre vêtement traditionnel, en passant par une tenue européenne rose bonbon dans laquelle elle se présentait aux passagers en disant ‘appelez-moi Rose…’ Avec sa complice Apsa, préposée aux massage, elles apportaient chacune à leur manière une touche féminine, toujours aimable et attentive. Les autres membres de l’équipage, cuisinier, serveurs, tous étaient efficaces pour faire marcher ce bateau et nous faire vivre des moments magiques !

Crépuscule magique sur le fleuve Sénégal

Saint-Louis du Sénégal

Après le vol de Brussels Airlines (direct depuis Bruxelles), nous arrivons à Dakar pour être accueilli par le représentant de Sensations et un chauffeur qui nous conduira vers Sant-Louis, à quatre heures de route vers le nord. Nous nous installons à l’hôtel La Résidence, un lieu simple et charmant situé au cœur de l’île Saint-Louis, la vieille ville au charme si prégnant. Des façades de beaux immeubles coloniaux évoquent la Nouvelle-Orléans ou Cuba, avec des façades souvent fatiguées, et une vie de petits marchands de rue, d’échoppes de coiffeurs, de tailleurs, de 1000 petits métiers. Les rues sont animées par le passage incessant de charrettes, de moutons accompagnés de leur berger de l’ethnie Peul nomade, de motos ou de taxis hors d’âge…

Dans les rues de Saint-Louis

Après un délicieux repas à la Résidence, nous partons à la découverte de la ville en calèche. L’occasion de voir l’incroyable quartier des pêcheurs, le plus (sur)peuplé de la ville, sinon de cette partie du monde ! Des rues sablonneuses, des grappes d’enfants nous saluant, les adultes courroucés par quelques touristes indiscrets, des brebis voisinant avec un  pélican,… et la criée presqu’à même la plage, pour la vente d’un poisson de plus en plus rare. La beauté des pirogues et de l’océan ne font pas oublier qu’ici la vie est dure, le sort des damnés de la mer est implacable…

Le retour des pirogues sur les plages de Saint-Louis

Nous embarquons dans l’après-midi. Chaque passager découvre sa cabine. Il en existe de trois catégories. La standard est la plus petite et la plus simple, ne disposant que d’un évier. Les douches et les toilettes sont partagées, accessibles par la coursive. Jamais personne ne s’en plaint. Les passagers de ces cabines, sans doute grands voyageurs et un peu philosophes, nous assènent ‘on est en Afrique, et on ne vient pas pour le luxe’. Mais attention, l’absence d’air conditionné peut être désagréable à partir de fin mars.

Apsa et Maimouna, les deux fées de l’équipage, efficaces, drôles et discrètes

Nous avons opté, comme quasi tous les clients de Sensations, pour une cabine ‘Confort’ un peu plus spacieuse que les précédentes, avec air conditionné, un évier, douche et toilette privée. La cabine est toute en boiseries, la porte est doublée d’une moustiquaire, une peinture imite une affiche ancienne, c’est simple, propre et charmant. Le bateaux compte aussi deux jolies suites, dont cette dite ‘de l’armateur’, la plus authentique, existant dès la construction du bateau.

La cabine confort, équipée d’un évier, douche, toilette et air conditionné. Le charme d’antan.

Le soir, après un apéro animé par un groupe d’excellents chanteurs et musiciens, nous découvrons le restaurant. Serveurs en blanc, menu fixe servi à table, vins et boisons à discrétion… Nous mangeons en tablée de 8 à 12 personnes. Au bout d’un jour ou deux nous nous connaissons tous, évoquant mille souvenirs de voyages à travers tous les continents ! N’imaginez pas une débauche de grand luxe, mais plutôt une ambiance surannée, hors du temps, évoquant les romans d’Agatha Christie. Un bonheur… 

Les lavandières sur les rives du fleuve

Nous appareillons après la première nuit passée à quai. La magie opère immédiatement ! La fière cheminée vermillon brille au soleil, l’étrave fend les eaux du fleuve Sénégal, les rares pirogues semblent minuscules. Nous arrivons au barrage marquant la séparation des eaux salées et de l’eau douce du fleuve Sénégal, un serpent d’eau  s’étalant à travers le Sahel depuis le massif verdoyant du Fouta Djalon sur 1500 km ! Après le passage de l’écluse, nous reprenons la navigation entre d’immenses roselières.

Le Djoudj, paradis des oiseaux !

Le Djoudj est un refuge hivernal de 16.000 hectares abritant 395 espèces d’oiseaux. Il y a ici  plus de deux millions d’oiseaux ! La visite se fait en barque à moteur. Nous remontons un bras du fleuve, des zones marécageuses, jusqu’à une île où nichent des milliers de pélicans. C’est un spectacle saisissant, qui vaut à lui seul le voyage. Le vol lourd de ces oiseaux aux airs de ptérodactyles, les disputes lorsque l’un d’entre eux capture un énorme poisson-chat, les juvéniles en robe sombre et les adultes aux couleurs chatoyantes, on ne sait où donner de la tête ! Les aigles pêcheurs, flamants roses, cormorans, anhingas (l’élégant oiseau serpent) et de nombreux hérons ajoutent de la diversité à ce tableau mouvant !

Cette réserve est hélas menacée. Ses gardiens font le maximum pour sauvegarder ce site exceptionnel, mais la remontée du sel de l’océan, le saumurage dû aux nombreuses rizières et les rejets de pesticides sont une menace mortelle, un défi que ces hommes veulent relever à tout prix !

A suivre…

BON A SAVOIR :

  • Le Bou El Mogdad ne navigue que du 25 octobre au 02 mai (dernier départ avant la reprise fin octobre 2025)

  • Le prix est très démocratique, dès 1880 € par personne, vol compris, repas et boissons à bord inclus !

  • Programme détaillé sur https://www.travel-sensations.com/fr/programme.php?id_voyage=124

  • Il n’y a que 25 cabines, dont 15 cabines confort et 2 suites, pensez à réserver tôt !

  • Pas de visa, pas de vaccin obligatoire. Un traitement anti-malaria ne se justifie qu’en saison des pluies (d’août à septembre, donc en dehors des dates de la croisière)

  • 3 autres hôtels sont intéressants à Saint-Louis, dont un de trois chambres et l’autre chargé d’histoires, les aviateurs tels que Jean Mermoz y descendaient du temps de l’Aéropostale reliant la France aux Amériques.

Un couple de balbuzards, une des 395 espèces d’oiseaux du parc du Djoudj

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