Croisière sur le fleuve Sénégal (2ième partie)
Après la découverte de Saint-Louis et des pélicans du parc du Djoudj, nous continuons à remonter le cours du fleuve Sénégal à bord du légendaire Bou el Mogdad : objectif Podor, située à 215 km de notre point de départ !
La croisière reprend son cours. Nous admirons les rives, la Mauritanie d’un côté, le Sénégal de l’autre. Nous passons la ville de Rosso, assoupie et dont le pont transfontalier semble hors service. Nous arrivons à la petite ville sénégalaise de Richard-Toll. D’immenses champs de cannes à sucre entourent une gigantesque sucrerie. Nous sommes invités à voir la mise à feu d’un champ de cannes pour être nettoyé. Les feuilles sèches, et les nombreux rongeurs et parasites fuient les flammes, mais les cannes sont intactes et seront ensuite coupées.
Retour en ville pour découvrir les ruines émouvantes de la ‘Folie du Baron Roger’. Ce château de style français aurait été édifié en 1821-1822 pour l’amour d’une femme, la belle Yacine Diam, dont le baron Jacques-François Roger, premier gouverneur français du Sénégal, s’était amouraché. Dominant les modestes cases africaines aux toits de chaume, il devait faire forte impression ! La bâtisse a servi d’église, puis d’école, avant d’être abandonnée. Ce témoin du temps des colonies du Soudan Français semble prêt à s’écrouler après quelques décennies d’abandon. Pourtant la bâtisse ne manque pas de grandeur, et dégage une impression romantique.
Le lendemain, nous faisons escale à Dagana, ancien comptoir colonial, et jadis capitale du royaume du Waalo. La visite du marché nous plonge dans un univers coloré. Etals de poissons ou de bouchers aux marchandises en plein air, charbon de bois pour faire le thé ou la cuisine, marchands de toutes choses, embouteillages de charrettes aux chevaux décorés de rubans colorés, femmes aux robes chatoyantes.
Nous visitons l’école où du matériel scolaire est laissé aux nombreux enfants qui insistent pour nous chanter l’hymne national avec une joie de vivre désarmante. Nous mangerons sur la berge du fleuve, à l’ombre de grands arbres, un délicieux tiep bou dien au poisson préparé par le chef cuisinier du Bou. Un délice, et assurément mon meilleur tiep bou dien ! Nous mangeons sur des nattes et des coussins, accompagnés par la musique des tambours du village et les danses endiablées de Maimouna et Apsa que les passagers ont définitivement adoptées !
Le Bou remonte la vallée au rythme lent de ses moteurs, des machines de 200 cv venues de Suisse et qui tournent… comme des horloges ! Les repas sont variés, avec un menu différent chaque jour. On en profite pour se prélasser sur le pont, siroter un jus de fruit ou un verre de rosé, ou pour faire un massage.
Le cinquième jour, nous visitons un village de nomades Peuls, très attachés à leur mode de vie traditionnel. Eleveurs de vaches et de petit bétail, ils nomadisent sur de vastes territoires, fuyant les sécheresses jusqu’au sud du pays ! Les cases végétales sont remarquablement tenues, les femmes exposant leurs richesses en calebasses et plats émaillés sur de petites plateformes.
Après-midi, nous rencontrons leurs ‘cousins’ Toucouleurs, ce terme désignant les Peuls sédentarisés. Les enfants nous tiennent par la main pour nous raccompagner jusqu’au fleuve. Aucun ne mendie, sauf si vous montrez que vos poches sont pleines de friandises ! Le soir, nous rejoignons l’équipage qui nous a préparé un formidable méchoui : deux moutons grillés, des fruits, des boissons, et un groupe de musiciens venus avec leurs tambours. Les enfants prennent rapidement possession de l’espace devant les musiciens, et font preuve d’une incroyable énergie. Assis un peu à l’écart, les enfants se blottissent naturellement contre nous, comme si nous nous connaissions depuis toujours. Hospitalité d’Afrique.
Nous arrivons à Podor le sixième jour. Tout semble passer si vite, l’expérience est si riche ! Les bâtisses coloniales ocre sur les berges, le Bou el Mogdad à quai, majestueux, quel endroit hors du temps ! On se croirait dans un film d’époque ! Nous visitons un petit musée rassemblant un peu de tout et de rien, émouvant et drôle. Le fort français sera notre dernière visite.
Nous débarquons le lendemain matin, le temps de saluer les nouveaux amis, Anso, Maimouna, Apsa et les membres de l’équipage qui nous ont dorlotés tout au long de cette belle aventure. Chacun repart vers d’autres aventures, les possibilités sont nombreuses : le désert du côté de Lompoul, le Lac Rose, les plages… mais tous nous avons des souvenirs plein la tête, indélébiles. Le Bou el Mogdad nous accompagnera encore longtemps !
Bon à savoir :
Les options sont nombreuses pour qui voudrait prolonger : 1 nuit à Podor permettrait de visiter des villages, des fermes et de belles mosquées omariennes en banco (de type soudanais comme on en voit au Mali) La plage est aussi possible, de même qu’une nuit sous tente (avec sanitaires) dans le désert, ou dans un écolodge entre la plage d’arrivée du Paris-Dakar et le Lac Rose…