Séjour dans une vallée des Andes péruviennes
Vous adorez l’émission ‘Rendez-vous en terre inconnue’ ? Vous rêver de passer une nuit ou deux dans un village perdu ? Nous avons testé pour vous un séjour dans une communauté Quechua des Hautes Vallées du Pérou. Une rencontre inoubliable !
Cusco, l’ancienne capitale de l’Empire Inca, est la porte de la vallée sacrée. Cette vallée est marquée par l’Histoire. Elle conserve les traces de la puissance de cet empire précolombien, détruit en quelques temps par les conquistadores espagnols. Les forteresses de Sacsayhuaman et dOllantaytambo, le site de Pisac, autant de richesses archéologiques dignes de figurer au Patrimoine Mondial de l’Humanité ! Mais la vallée sacrée est bien pauvre en vie traditionnelle. Jusque dans les années 70, ses terres fertiles appartenaient à une hacienda, vaste propriété d’origine hispanique, où les Indiens dépossédés travaillaient pour une misère. Si depuis les terres ont été restituées à leurs propriétaires originels, les Quechuas d’ici ne connaissent plus la vie communautaire coutumière, le costume traditionnel n’est quasi plus porté, la langue quechua cède le pas à l’espagnol…
Pour découvrir la vraie vie des communautés montagnardes, il faut aller dans les petites vallées isolées où les touristes ne viennent pas. Nous avons la chance d’avoir notre collègue Chris qui a visité le Pérou plus de 35 fois, et le pays n’a plus vraiment de secret pour lui, d’autant qu’il y a beaucoup voyagé à pied, découvrant un tas d’endroits hors des sentiers battus, complètement préservés du tourisme de masse !
Me voici embarqué à bord d’un véhicule 4X4, avec Mauro, le très sympathique chauffeur, et Juan, mon guide francophone. Après un passage par Pisac, nous prenons une piste à peine visible, étroite mais bien entretenue. Ça grimpe sec et Mauro négocie virage après virage avec calme. Au bout d’une demi-heure, nous arrivons à l’entrée d’une petite ferme accrochée à flanc de montagne. Ici, pas de village groupé, mais des maisonnettes disséminées sur un vaste espace, chacune entourée de ses champs de maïs.
Je suis accueilli par Denizio, un indien Quechua d’une quarantaine d’années, ouvert et souriant. C’est lui le propriétaire de la ferme où je passerai la nuit. L’accueil est formel, un peu impressionnant, je me retrouve assis dans une petite pièce, face à trois femmes habillées à l’identique, en rouge et tablier blanc, chacune coiffée du traditionnel chapeau de feutre. Leurs visages sont impassibles, tandis que Denizio déclame les paroles rituelles d’accueil dans la communauté. On sent qu’on bascule ici dans un autre monde, encore régi par les règles des temps ancien….
Je découvre ma chambre, très basique mais impeccablement propre. Une petite ampoule dans la chambre, deux lits et c’est tout. La douche et les toilettes se trouvent dans une petite structure extérieure. Après un repas simple et de bonne qualité fait de poulet, légumes et pommes de terre, nous partons ensemble vers le champ situé en contrebas. Je suis le seul touriste dans la vallée, le sentiment d’immersion est complet… Et la vue est magnifique, la vallée est baignée de lumière et la température est agréable malgré l’altitude. Nous sommes issis à plus de 3000 m, et ça se ressent au moindre effort ! Il y a d’abord un petit côté démonstration : offrandes à la Pachamama, démonstration de bêchage avec les instruments aratoires traditionnels datant de l’ère précolombienne toujours utilisés de nos jours. Mais très vite ‘l’activité’ consiste à travailler ensemble à la récolte du maïs…. La bonne humeur communicative de Denizio, alliée à celle de Mauro qui prend visiblement plaisir à participer à la récolte, réchauffe l’atmosphère ; Les femmes se font moins timides, et leur côté ‘mama’ bienveillantes reprends le dessus. Un jeune papa nous rejoint, accompagné de son petit garçon coiffé du traditionnel bonnet typique des indiens des Andes. Les liens se créent…. Belisario, l'enfant des hauteurs., se montre intrigué par ce voyageur venu passer quelques heures dans son village perdu. Douceur de vivre en terre indienne, rires et sourires, nous échangeons de longs moments, à parler de la tradition qui peut à peu s’éteint. Cette richesse culturelle, les rituels, la langue quechua, tout cela risque bien de disparaître rapidement. Et vivre ces instants magiques est un réel privilège.
Après le dîner du soir et une nuit confortable, il faut bientôt repartir. Les cœurs se serrent. Les dames, toujours dans les couleurs montrant à quelle communauté elles appartiennent, avec leur étonnant chapeau de feutre, montrent une certaine tristesse. On a tous un pincement au cœur, et à peine monté dans le 4X4 qui m’emmène à Cusco je ressens déjà l’envie de revenir dans ce petit coin de paradis, préservé dans toute simplicité et son authenticité…
A SAVOIR :
Les Quechuas sont près de 9.000.000 au Pérou. Ils sont aussi très présents en Bolivie, et leur langue est parlé par 12.000.000 de personnes, dont 3,7 millions au Pérou. La langue quechua n’est pas unifiée. Au Pérou on y trouve une vingtaine de variétés dialectales. Cultivateurs de maïs, ils élèvent des lamas et des cochons d’Inde pour la viande. Leur vie communautaire est très riche et leur religion mélange rites chrétiens et incas. Partager la vie d’une communauté ne s’improvise pas ! En 500 ans, les étrangers n’ont pas laissé les meilleurs souvenirs aux premiers habitants des Andes ! L’accueil de cette communauté n’e est que plus remarquable et constitue une étape idéale pour ceux qui sont prêt à sacrifier un peu de leur confort pour passer un jour ou deux en immersion.
Il est aussi possible de venir juste passer la journée, sans passer la nuit. Mais il sera plus difficile de nouer un véritable contact avec les familles. Il n’y a pas d’hôtel au village, mais plusieurs familles adhèrent au projet d’accueil communautaire et proposent tours des chambres simples.